Collages (vegetable prints in banana leaf on inkjet bamboo paper) / Collages (impressions végétales en feuille de bananier sur papier jet d’encre en fibres de bambou)
With BeLeaf (« to believe in being a leaf »), I reveal the part of the plant that lives within us. During my travels, I take an animistic look at my contemporaries, inviting them to play the protagonists of a tribal tale in which they gradually metamorphose into plants. These are American shots in saturated colours, shot with flash, in which solitary figures pose head-on outdoors. Their environments are more or less anthropised, meaning that the human presence is more or less remarkable, either through modern or traditional architectural elements, or through more or less organised natural elements. Thanks to the sun and chlorophyll, the faces can be revealed in a natural way, directly on tree leaves, to become the masks of a ritual. After making a ‘plant mask’, I ask my photographic laboratory to make a colour print of the entire portrait, framed from the hips to the head. By placing the mask on the photographic paper, I play the illusionist. I make the facial features coincide with those of the body, to produce a hybrid effect. Up close, discreet clues give body to the image, such as the folds in the plant, the tears, the marks of ageing, the light shadows, or the effects of transparency, revealing the paper underneath. Photographic collage enables me to achieve the desired realism, while avoiding an exclusively digital creation chain. I also pay attention to the balance of the shapes. The plant must be neither too large nor too small. It has to harmonise with the character’s body, and requires compositional work in relation to the background, so that the elements represented are placed just right, to form a balanced ‘ecosystem of signs’. The vegetal lines coincide with the facial features to direct the eye to certain points: the nose, the mouth, an eye. The main vein often divides the face into two vertical parts at the nose. When it is offset to the side of the face, at eye level, its intersection with a secondary vein provides a starting point for the gaze. The direction of the secondary veins guides the reading of the face, just as the branches of a tree can be turned towards the ground (example of the weeping willow) or towards the sky (example of the cypress). When the tip of the leaf is turned downwards, it becomes a neck or the collar of a shirt. The edge, depending on whether it is thorny, toothed, crenellated or whole, will offer dynamism or softness. The combination of these choices leads the viewer to a certain type of reading and to make what I call an « anthropomorphic effort », to look for the Human in the Plant. It’s an invitation to rethink our relationship with Nature. (Aurélien David)
Avec BeLeaf (« croire en l’être en feuille »), je révèle la part de végétal qui vit en nous. Au fil de mes voyages, je pose sur mes contemporains un regard animiste, les invitant à jouer les protagonistes d’un conte tribal, dans lequel ils se métamorphosent peu à peu en plantes. Il s’agit de plans américains aux couleurs saturées travaillées au flash, où des personnages solitaires posent en extérieur, frontalement. Leurs environnements sont plus ou moins anthropisés, c’est à dire que la présence humaine y est plus ou moins remarquable, soit par des éléments architecturaux modernes ou traditionnels, soit par des éléments naturels plus ou moins organisés. Grâce au soleil et à la chlorophylle, les visages ont pour singularité d’être révélés de façon naturelle, directement sur des feuilles d’arbres, pour devenir les masques d’un rituel. Après avoir réalisé un «masque végétal», je commande à mon laboratoire photographique un tirage couleur du portrait entier, cadré des hanches à la tête. En posant le masque sur le papier photographique, je joue à l’illusionniste. Je fais en sorte que les traits du visage coïncident avec ceux du corps, pour produire un effet d’hybridation. De plus près, des indices discrets donnent du corps à l’image, tels que les pliures du végétal, les déchirures, les marques de vieillissement, les ombres légères, ou encore les effets de transparence, qui laissent apparaître le papier en-dessous. Le collage photographique me permet d’obtenir le réalisme escompté, en évitant une chaîne de création exclusivement numérique. Je porte aussi attention à l’équilibre des formes. Le végétal doit être ni trop grand ni trop petit. Il doit s’harmoniser avec le corps du personnage et demande un travail de composition en relation avec l’arrière-plan, de façon à ce que les éléments représentés soient placés avec justesse, pour former un « écosystème de signes » équilibré. Les lignes végétales coïncident avec les traits du visage pour conduire le regard en certains points : le nez, la bouche, un œil. La nervure principale coupe souvent le visage en deux parties verticales au niveau du nez. Lorsqu’elle est décalée sur le côté du visage, au niveau de l’œil, son croisement avec une nervure secondaire offre un point de départ pour le cheminement du regard. La direction des nervures secondaires orientent la lecture du visage, ainsi que les branches d’un arbre peuvent être tournées vers le sol (exemple du saule pleureur) ou vers le ciel (exemple du cyprès). Lorsque la pointe de la feuille est tournée vers le bas, c’est pour devenir un cou ou le col d’une chemise. Le bord, selon qu’il est épineux, denté, crénelé ou entier, va offrir du dynamisme ou de la douceur. La combinaison de ces choix amène le regardeur à un certain type de lecture et à faire ce que j’appelle un « effort anthropomorphiste », à chercher l’Humain dans le Végétal. Une invitation à repenser nos liens avec la Nature. (Aurélien David)